Des mesures ont été envisagées au PLFSS & PFL 2025 et sont défavorables aux entreprises. Même si le projet est aujourd’hui suspendu, les entreprises doivent rester mobilisées car les conséquences financières seraient désastreuses.
Alors que, depuis plusieurs années, une politique de soutien volontariste était menée à destination des jeunes en formation initiale, les discussions autour des PLFSS & PLF 2025 pourraient marquer un brutal revirement avec des aides à l’embauche à destination de certains territoires et employés revues à la baisse voire supprimées.
Alternance : 1 milliard d’aides au recrutement en moins pour les entreprises
Depuis de nombreuses années, le chômage des jeunes est important.
Le gouvernement a mis en place en 2019 jusqu’en 2022 une aide unique pour l’apprentissage de 7 325 € sur 3 ans pour les employeurs de moins de 250 salariés.
Puis ce dispositif a été renforcé surtout dans la période COVID pour soutenir les jeunes dans leur intégration dans le monde professionnel : le dispositif mis en place « 1 jeune 1 solution » a fortement réduit le chômage.
Pour les contrats conclus à compter du 1er janvier 2023, il a été prévu une aide unique de 6000 € pour la première année d’exécution sans condition pour les employeurs de moins de 250 salariés. A partir de 250 salariés, une condition de quota d’alternants devait être respectée.
Le gouvernement reviendrait brutalement sur ce soutien progressif mis en place encore assez récemment.
Déjà au 1er mai 2024, l’aide exceptionnelle à l’alternance de 6000 € a été supprimée pour les contrats de professionnalisation.
A compter de 2025, les entreprises craignent un coup de rabot sur cette même aide unique pour les apprentis, le montant passerait de 6 000 à 4 500 €/an.
Cette réduction de 25% représente 1 milliard d’aides en moins pour les entreprises sur les 5 milliards d’aides versées en 2023 d’après l’ASP.
Des impacts sur les recrutements et l’insertion des jeunes ?
On peut penser que ces mesures ne seront pas neutres en termes de recrutement, en particulier sur les secteurs les plus fragiles.
Nous vous partageons ici les premières réactions de nos clients ainsi que leurs perspectives pour s’adapter.
Examinons tout d’abord en détail quelques chiffres illustratifs basés sur le nombre d’alternants recrutés par an dans une entreprise :
Nombre d’alternants | Aide 2024
à 6000 € par alternant et par an |
Aide 2025
avec la baisse à 4 500 € ar alternant et par an |
Perte /an | Masse salariale moyenne chargée estimée par alternant
(2000 € x 12 x 1,40 de charges patronales) |
60 | 360 000 € | 270 000 € | 90 000 € | 2 016 000 € |
100 | 600 000 € | 450 000 € | 150 000 € | 3 360 000 € |
130 | 780 000 € | 585 000 € | 195 000 € | 4 368 000 € |
365 | 2 190 000 € | 1 642 500 € | 547 500 € | 12 264 000 € |
1000 | 6 000 000 € | 4 500 000 € | 1 500 000 € | 33 600 000 € |
La perte de 25% représente un enjeu financier important allant de 90 000 € à 1 500 000 € suivant le nombre d’alternants.
Pour un salaire mensuel moyen de 2 000 €, la perte représente 4% de la masse salariale annuelle chargée, ce qui pourrait nuire à la capacité à recruter autant d’alternants.
Nous sommes dans un contexte où les créations d’emploi sont en berne et les plans sociaux se multiplient. Le chômage qui était en baisse reprend depuis 2023 notamment chez les jeunes (à 17,7 %, pour les 15-24 ans, supérieur à son niveau d’il y a un an, soit +0,8 point).
Cette mesure parait donc contre-productive.
Nous nous interrogeons sur l’impact de la diminution des aides à l’alternance sur le chômage des jeunes ainsi que sur la stratégie de recrutement des entreprises en fonction de leur taille et du niveau de diplôme des alternants qu’elles souhaitent recruter.
Ce sujet est actuellement une préoccupation majeure pour bon nombre de nos clients.
En attendant, ils restent motivés sur ces dispositifs tout en espérant une durabilité et un soutien plus important.
Certaines entreprises attendent de savoir si les alternants les plus diplômés continueront à bénéficier de l’aide. Elles pourraient être contraintes de revoir leur politique si les bac+5 ne sont plus éligibles aux aides… La baisse éventuelle des aides va certainement générer de la frustration, voire de la colère !
Par ailleurs, cela semble évident, les écoles qui forment les alternants vont également être impactées par ricochet si les entreprises diminuent leur recours à l’alternance.
Et n’oublions pas les étudiants en situation de précarité qui recherchent un emploi pour démarrer dans la vie active !
A cette perte s’ajoute, pour ces étudiants, l’abaissement du seuil de l’exonération de cotisations salariales à 50 % du Smic vs 79 % prévue au PLFSS 2025 qui va générer des baisses de salaire net pour cette population dans un contexte d’inflation important.
Les aides emplois francs devraient disparaitre
Le PLF prévoit également la suppression des aides emplois francs. Ces aides sont versées pour les salariés domiciliés en quartier prioritaire de la politique de la ville et inscrits à France Travail, ou adhérent à un contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ou bien encore un jeune suivi par une mission locale.
Elles favorisent la création d’emplois dans les territoires fragiles et soutiennent les personnes en situation de précarité.
L’apport de ces aides pour les entreprises concernées est important au regard de leur montant qui s’élève à 5 000 € par an pendant 3 ans pour une embauche en CDI ou 5000 € sur deux ans en cas d’embauche en CDD d’au-moins 6 mois.
Mais ces aides emplois francs seraient purement et simplement supprimées… alors qu’elles restent cruciales pour certains bassins d’emploi et pour lutter contre la précarité.
Cela ouvre aussi des interrogations sur certaines modalités d’application :
- les dossiers en cours continueront-ils d’être financés par France Travail ?
- la suppression sera-t-elle rétroactive ?
Se pose toujours la question des budgets de l’Etat (PLF, le projet de loi de finances 2025) et de la sécurité sociale (PLFSS) que le gouvernement démissionnaire de Michel Barnier peut encore chercher à faire adopter, au moins par le Sénat.
Quelle sera la politique du futur gouvernement s’agissant des allègements de cotisations sociales des entreprises, des aides aux recrutements, etc. ? Est-ce le moment d’augmenter le coût du travail ?
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