Prendre en compte le travailleur dans sa globalité, considérer l’ensemble des expositions qui peuvent influencer sa santé… Ce courant de pensée a été initié par le Plan Santé au Travail (PST) 3 et se poursuit avec le PST 4 (1), publié le 14 décembre dernier.
Notre experte Carole Podymski – Consultante Référente Prévention, décrypte l’un des effets de la convergence des politiques de santé au travail et de santé publique.
L’exposome : la traduction du décloisonnement des politiques publiques de santé
En 2016, le code de la santé publique introduisait dans son article L.1411-1 la notion d’exposome « entendu comme l’intégration sur la vie entière de l’ensemble des expositions qui peuvent influencer la santé humaine ».
Cela signifie que sont prises en compte :
- les expositions chimiques, physiques ou biologiques,
- mais également les expositions à des facteurs plus globaux tels que le contexte socio-économique, environnemental ou encore psychologique.
Depuis, l’articulation entre les différentes politiques publiques ne cesse de se renforcer et de s’avérer incontournable.
Cela a commencé doucement avec la réglementation relative à la pénibilité, liant étroitement prévention de l’usure professionnelle, préservation de l’espérance de vie « en bonne santé » et systèmes de retraites.
Cela se poursuit de manière exponentielle avec la crise sanitaire : les liens entre santé au travail, santé publique, et contexte socio-économique deviennent alors de plus en plus palpables. Le travailleur doit-il aller sur son lieu de travail ou doit-il télétravailler? S’il est positif à la Covid, combien de temps doit-il rester isolé au risque de ne pas pouvoir travailler si son activité n’est pas réalisable à distance ? Nos conditions de travail ont été plus que jamais au cœur de l’activité économique ! Et que dire de ce lien fort entre le monde du travail et la santé publique lorsque l’on demande aux médecins du travail de s’impliquer dans l’effort de vaccination pour les salariés exposés (soignants…) ou ayant des comorbidités ?
Citons également les épisodes de canicule, désormais récurrents, ou l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en 2019… La réflexion sur ces événements passe nécessairement par des questions de santé publique et d’environnement, bien au-delà du simple prisme de la santé et de la sécurité au travail.
Notons enfin les liens possibles entre protection de l’environnement et santé mentale avec la thématique des Semaines d’Information en Santé Mentale (2) qui sera cette année « Pour ma santé mentale, agissons pour notre environnement ».
La boucle est bouclée, l’individu « travailleur » est au centre de toutes ces thématiques interconnectées.
L’évolution de la prévention et de la santé au travail
C’est donc tout naturellement que l’objectif n° 5 du nouveau PST soit d’« encourager le développement d’une approche partagée de la santé : santé publique, santé au travail, santé-environnement », objectif largement soutenu d’ailleurs par la loi du 2 août 2021 (loi Lecocq).
Il est donc plus que jamais temps de changer de paradigme lorsque l’on souhaite travailler sur la santé et le bien-être des travailleurs. Pour prendre en compte le risque sanitaire par exemple il faudra réfléchir à la fois au risque biologique, mais également au risque psychologique et au contexte socio-économique et environnemental dans lequel ce risque sanitaire s’inscrit.
Prévention des risques professionnels : développez une culture de prévention partagée
Sur le même sujet : Loi santé au travail : gare aux dérives sur le sujet de la prévention
(1) Plan Santé au Travail 3 – période 2016-2020
Plan Santé au Travail 4 – période 2021-202
(2) Les Semaines d’Information en Santé Mentale se dérouleront du 10 au 23 octobre 2022.
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