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La voix des RH : la prévention des risques en entreprise – Partie 1

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prévention des risques en entreprise – Partie 2

Des échanges concrets et dynamiques sur les enjeux RH, des réponses pragmatiques et novatrices apportées par des experts… découvrez « La voix des RH » notre chaîne de podcasts Ayming !

Si l’on constate depuis quelques années une baisse des accidents du travail en France, les chiffres restent encore élevé et la prévention des risques, un enjeu majeur pour les entreprises.

Comment comprendre l’évolution des chiffres de l’accidentologie en entreprise ?
Quel est le rôle de la culture d’entreprise dans la prévention des risques ?
Quels sont les effets des sanctions disciplinaires dans le cadre des démarches de la prévention des risques ? Sont-elles à mettre en place ?
… Nous abordons tous ces sujets dans ce premier épisode de la série, et bien plus encore.

Cet épisode est animé par Daniela MARGITICAN, experte risques professionnels et Patricia MONNIER, experte prévention et consultante qualité de vie au travail, chez Ayming, depuis 18 ans.

Abonnez-vous pour ne rater aucun épisode. Pour ceux qui apprécient nous lire, retrouvez l’intégralité de leur échange ci-dessous. 

Ecouter l’épisode 1 « La voix des RH » sur la prévention des risques en entreprise

Daniela Margitican : Bonjour je suis Daniela Marjetikan, j’ai le plaisir d’animer ce nouvel épisode du podcast La voix des RH. Pour ce nouvel épisode, nous allons parler de la prévention des risques en entreprise avec Patricia, que je laisse se présenter.

Patricia Monnier : Bonjour à tous, Patricia Monnier vétérinaire de formation initiale, j’ai exercé 10 ans en clientèle rurale ce qui m’a apporté une bonne maîtrise de la démarche diagnostique, un pragmatisme avéré et une recherche de ROI en temps réel. Actuellement je suis consultante de qualité de vie au travail au sein de Ayming depuis près de 18 ans et à ce titre-là j’interviens en conseil en formation dans différentes structures, auprès de différents acteurs et principalement entre autres sur le thème de la prévention des risques professionnels.

Les accidents du travail : où en est-on en Fance ?

Daniela Margitican : Merci Patricia. La prévention des risques en entreprise a pris de plus en plus de place ces dernières années, elle est véritablement perçue comme un levier de performance et plus simplement comme une contrainte, un risque à maîtriser.

On observe au niveau national, une diminution du nombre des accidents du travail, avec un rythme plutôt hétérogène en fonction des secteurs. Mais on observe aussi une stagnation, un ralentissement de cette baisse des accidents du travail.

Est-ce que tu peux nous expliquer ou nous donner des éléments de compréhension et les facteurs qui entrent en jeu dans le rythme de diminution des accidents du travail ?

Patricia Monier : Alors certes, d’une manière générale les nombres d’accidents du travail diminuent en France, ce qui est une bonne chose, cependant on a une très grande disparité selon les entreprises et les secteurs d’activité.

Pour autant, on ne peut pas non plus se satisfaire, en tant que préventeur, des résultats obtenus au niveau européen.

La France occupe la première place en matière d'accidents du travail.
Patricia Monier

Les statistiques de Eurostat en 2020 placent la France à la première place en matière d’accidents du travail, avec une incidence de près de 3000 accidents pour 100 000 salariés, ce qui reste très élevé.

Toujours en 2020, elle occupe la 9e place, c’est-à-dire dans le dernier tiers des 27 pays, en termes d’accidents mortels avec près de 2,5 accidents mortels pour 100 000 salariés.

Donc on ne peut pas non plus se contenter de ces résultats-là, il y a encore beaucoup à faire.

Daniela Margitican : Tout à fait, c’est une question aussi d’activité, de taille d’entreprise et tu nous le diras sans doute, de culture et de maturité. Justement, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le rôle de la culture d’entreprise dans la prévention, notamment pour les secteurs et entreprises qui s’en sortent mieux que les autres.

Patricia Monier : Alors la culture dans l’entreprise va dépendre de l’entreprise certes, mais aussi du secteur d’activité. Tous les secteurs n’ont pas non plus le même niveau de maturité.

Pour revenir sur les résultats français, nous avons un mode de fonctionnement historique, qui a du mal à bouger et à monter dans le train lancé par l’Union européenne et la directive de 1989.

Ça fait 30 ans qu’on est passé à une obligation de résultat en matière de prévention des risques professionnels, et en France, on a encore du mal. Pourquoi ?

  1. Nous avons une culture latine qui a tendance à jouer avec le risque.
  2. Nous avons une culture très réglementaire. Ce qui fait qu’on est très exécutant : on fait les choses parce que c’est obligatoire pour les uns, parce qu’on est obéissant, peut-être pas la majorité, pour les autres par la peur de la sanction et pour d’autres encore par la crainte des coûts qui peuvent être liés à la sanction ou à la réparation en matière d’accident du travail et de maladie professionnelle.
  3. Nous avons une culture de moyens : on met en place les choses que la réglementation impose de mettre en place. Une fois qu’on l’a fait c’est bien, on a effectué le travail sans trop se poser la question de l’efficacité de ce qu’on a mis en place, et ça, c’est encore un vrai frein en matière de prévention des risques professionnels.

Les entreprises qui ont plutôt réussi, ce sont celles qui ont certainement visé l’efficacité, qui avaient les moyens de les viser également, qui ont mis en place aussi des préventeurs et depuis longtemps.

C’est le cas du secteur de la chimie. Plus récemment du secteur du BTP, de l’agroalimentaire, de la distribution, qui sont un petit peu plus en retrait, même si, le BTP est le secteur d’activité qui a fait la plus grosse progression en peu d’années.

Daniela Margitican : Ils partaient aussi de loin, il y avait une forte accidentologie et ils ont mis des moyens en œuvre qui ont porté leurs fruits.

La clé, c’est la culture d’entreprise

Daniela Margitican : On observe qu’après avoir mis en place un certain nombre de mesures réglementaires et logiques pour diminuer le risque (équipements de protection, nouvelles méthodes de travail en termes de sécurité…), il y a aussi une modification des comportements et des perceptions qui est importante : une modification des comportements des salariés eux-mêmes par rapport à leur propre sécurité.

J’échange souvent avec des employeurs qui me disent « On leur fournit des équipements, des outils, des consignes, des formations. Et puis malgré tout ça, ils continuent à se mettre en danger. »

Alors, comment leur faire prendre conscience et opérer ce changement de culture dans l’entreprise pour impliquer les salariés eux-mêmes à leur propre sécurité ?

Patricia Monier : Alors on peut commencer par la fin, ça ne fonctionne pas.

D’une manière générale, il faut que ça parte d’une volonté de la direction, relayée par l’ensemble des strates managériales pour finalement arriver sur le terrain qui sont les premiers concernés par les accidents du travail. Commencez par les salariés, ça ne marche pas, or, souvent quand on débloque la thématique du comportement, on stigmatise les opérationnels de terrain.

On ne peut pas demander à un salarié de respecter des règles de sécurité, si le manager lui-même ne les respecte pas.
Patricia Monier

Il faut surtout se poser la question : on ne peut pas demander à un salarié de respecter des règles de sécurité si le manager lui-même ne les respecte pas. Ça va questionner l’exemplarité, la cohérence entre les discours et ce que chaque salarié va pouvoir observer dans la réalité. Les salariés ont plutôt un sens poussé du bon sens et d’ailleurs du résultat, mais malheureusement, peut-être pas de la bonne façon à partir du moment où la sécurité est vécue comme une contrainte.

Parce que la sécurité est vécue comme négative, comme contrainte, comme une sanction si l’on n’applique pas les règles. On ne se projette jamais dans la situation on le salarié fait les choses bien, parce qu’en général dans ces cas là, il ne se passe rien, il n’y pas de feedback. Donc tant qu’on aura cette image où on est sur du constat et pas sur une dynamique, on n’arrivera pas à faire bouger les choses.

Et le salarié en est conscient. On lui impose de faire des choses, il fait.

En France aussi, même si un article du code du travail qui incombe à chaque travailleur de prendre soin de sa santé et de sa sécurité et des autres personnes concernées du fait de ses actes, force est de constater qu’en cas d’accident grave, les salariés ne sont pas poursuivis, sauf s’ils sont à l’origine de l’accident sur un autre collègue ou une autre personne. Donc on a aussi cette vision de l’employeur qui est un peu le méchant et du salarié qui est une victime. Il n’est pas tellement positionné comme un acteur à part entière.

Daniela Margitican: Souvent dans les entreprises on a plutôt des difficultés à utiliser la sanction disciplinaire sur ces sujets-là notamment du non-respect des consignes, du non-port des équipements de sécurité alors que c’est peut-être précisément le sujet sur lequel on ne devrait pas être finalement craintif d’appliquer la sanction parce qu’elle est dans l’intérêt de préserver la sécurité du collaborateur lui-même.

La sanction : bonne ou mauvaise idée ?

Daniela Margitican: Qu’est-ce que tu penses toi, en tant que représentatrice justement du rôle de la sanction dans la modification du comportement ?

Patricia Monier : Alors la sanction fait partie de l’arsenal incontestablement :  s’il n’y a pas de sanction, c’est la porte ouverte à toutes les dérives et le manager ne peut que subir.

Pour autant, c’est un constat d’échec quand on arrive à la sanction, c’est qu’on n’aura pas su convaincre le salarié de respecter les règles.

Dans l’entreprise, il y a un cadre défini, il y a des règles du jeu qui sont définies, elles sont dans le contrat de travail plutôt que dans le règlement intérieur.

Le règlement intérieur prévoit aussi qu’on ait un arbitrage et qu’on ait un certain nombre de sanctions qui doivent être progressives : ça sera des avertissements oraux et écrits, des mises à pied, ect..

Il y a un rappel à l’ordre du contrevenant, et puis il y a également une vertu démonstrative. C’est aussi de rappeler à tout le monde que si on sort du cadre de jeu on se fera rappeler à l’ordre.

Cependant, la sanction doit être juste : il faut être clair et juste sur ce qu’on en attend. Ça doit être appliqué de manière systématique et de la même façon. On va également faire de la pédagogie parce que si on sanctionne quelqu’un à qui on n’a pas donné les éléments pour pouvoir effectuer son travail en sécurité, c’est forcément perçu comme injuste. Là aussi il y a des prérequis avant d’arriver à la sanction qui n’est que la dernière possibilité pour parfois préserver la santé ou la sécurité du collaborateur malgré lui.

Daniela Margitican : Est-ce qu’il existe des mesures un peu moins dissuasives, plutôt incitatives justement dans cet arsenal d’outils pour promouvoir la prévention et les bons comportements des salariés ? Quelle est finalement, selon toi l’efficacité, le bien-fondé de ce type de politique plutôt incitative que dissuasive ?

Patricia Monier : On peut avoir des mesures incitatives, non pas financières, mais qui vont permettre de remonter un certain nombre de situations dangereuses ou de faire des propositions d’amélioration. Mais pour le coup, on est plus sur des mesures incitatives et positives qui sont sur le moyen et non sur de la prime. Il ne faut pas que ces mesures soient basées sur le nombre d’accidents, sur des taux de fréquence, parce que l’attrait des avantages peuvent inciter les salariés à masquer des situations dangereuses.

A l’inverse de la sanction, qui est de dire quand le salarié a mal fait les choses, on peut aussi mettre en avant le salarié quand les choses sont bien faites, lui donner du feedback positif.

Daniela Margitican: D’accord, merci Patricia pour ce partage de ton retour d’expérience dans ce sujet de la prévention et notamment de la modification des comportements en entreprise.

 

Dans le prochain épisode, nous allons parler du rôle du manager dans la prévention des risques en entreprise : exemplarité, changement culturel, outils à disposition, management… Nous verrons ensemble comment le soutenir dans son rôle d’animation de la prévention en entreprise.

Commenter, likez, j’ai hâte de savoir ce que mes lecteurs habituels ont pensé de ce format podcast ! En tout cas, n’hésitez pas à suivre le podcast « La voix des RH », parce que moi ça y est, il est déjà dans ma playlist pour mes marches matinales !

Ecouter le podcast  » la voix des RH « 

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